Renforcement de capacités des éleveurs de porcs de Kpomassè sur l’amélioration des techniques d’élevage
La filière porcine est l’un des sous-secteurs de l’élevage qui est en pleine croissance au Bénin malgré la persistance de la peste porcine africaine. Cependant, la faible technicité de plusieurs éleveurs, notamment ceux des milieux ruraux, constitue un obstacle au plein épanouissement de la filière. La commune de Kpomassè fait partir des localités du sud-Bénin où les pratiques d’élevage sont essentiellement traditionnelles. C’est dans le souci d’améliorer les pratiques d’élevage de porcs que la présente formation a été initiée par l’ONG CerAgriE. La séance s'est déroulée le mercredi 28 juin 2023 dans l’arrondissement de Topka-Domè.
C’est la salle de réunion de l’arrondissement qui a servir de cadre à cette formation qui a enregistré la participation de 35 éleveurs de porcs venant des différents arrondissements de la commune.
Déroulement de l’activité
Au début de la rencontre, le président a pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux participants et leur présenter les objectifs de l’ONG. Après le mot de bienvenue, le Président de l’ONG a procédé au lancement de l’activité du jour. La formation s’est déroulée en trois modules que sont : l’alimentation, la reproduction et la biosécurité.
Le développement de chaque module a été fait par des experts dans le domaine de la production de porc.
Le premier module sur l’alimentation des porcs a été développé par le Dr Pascal KIKI, Directeur Exécutif de l’ONG. Le formateur a dans un premier temps présenté les différentes catégories de matières premières, il s’agit des aliments d’origine végétale, d’origine animale, d’origine minérale, les produits de l’industrie. Le formateur a attiré l’attention des éleveurs sur certaines matières premières qui présentent des facteurs antinutritionnels, comme les graines et le son de soja qui contiennent des substances toxiques (trypsine). Pour cette raison, il a recommandé aux éleveurs de toujours torréfier, et de chauffer le son de soja avant de les utiliser. Après cette rubrique, le formateur a poursuivi sa présentation sur les besoins spécifiques à chaque stade de production : la maternité (pour les porcelets sous-mère), la croissance, la finition sans oublier les besoins des truies en gestation, des truies allaitantes et des verrats reproducteurs. A chaque niveau, le formateur a développé les types d’aliments adaptés. Ce fut l’occasion pour les éleveurs de porcs de savoir qu’en dehors de l’aliment concentré donné à la truie pendant la lactation qu’il faut un apport régulier de fourrage vert très nécessaire pour satisfaire les besoins en vitamines de la truie, sans oublier aussi l’apport en sodium. Quant aux porcelets, l’expert a attiré l’attention des éleveurs sur l’importance de l’injection du fer aux porcelets à l’âge d’une semaine, car le lait de la truie est pauvre en fer. Une méthode de formulation d’aliment à partir du carré de Pearson a été enseignée aux participants. Pour finir, le formateur a précisé aux éleveurs les quantités d’aliments à fournir aux porcs en fonction du stade physiologique.
Le module 2 sur la conduite de la reproduction de porc a été animé par le Docteur Ignace DOTCHE, le Président de l'ONG. Il a été appuyé par Monsieur Claude AGBODJEGAN pour la traduction en langue locale. A ce niveau, les éleveurs ont été outillés sur les critères de choix des reproducteurs mâles et femelles. La question sur la consanguinité a été au cœur des débats sur le choix des reproducteurs. De long en large le formateur a attiré l’attention des éleveurs sur les conséquences néfastes liées à la consanguinité dont beaucoup d’éleveurs ignorent. Le formateur a abordé ensuite les autres étapes de la conduite de la reproduction que sont la mise en reproduction des reproducteurs choisis, la détection de la chaleur, l’accouplement, le contrôle de la gestation, la mise bas, la lactation et le sevrage. Au cours de l’entretien, le formateur a renforcé la capacité des éleveurs notamment dans la détection et la stimulation de la chaleur pour éviter l’échec de la saillie. Il a également attiré l’attention des éleveurs pour le contrôle de la gestation à partir du 18e jour après la saillie afin d’éviter la perte de temps en cas de non-réussite de la saillie.
Le troisième et dernier module sur la biosécurité dans les élevages porcins a été animé par monsieur AGBODJEGAN Claude, ingénieur spécialisé en production animale. L’attention des éleveurs a été attirée sur certaines pratiques à risques des éleveurs qui sont souvent à l’origine des maladies. Parmi ces pratiques, le formateur a mis l’accent sur la facilité d’accès à la porcherie des éleveurs par n’importe qui, le manque de dispositif de désinfection des pieds et des mains, le nourrissage des animaux avec des aliments contenant des restes de porcs ou d’autres animaux sans aucune autre précaution, le prêt de verrat pour la saillie des femelles… Ce module a permis aux éleveurs de prendre conscience de ces pratiques à risque et d’être outillés sur les mesures de biosécurité à appliquer pour éviter l’introduction de toute maladie, la propagation des maladies entre les animaux et la contamination d’autres élevages. A cet effet il a insisté sur la limitation des visites, la mise en quarantaine systématique pour tout nouvel animal, la pratique d’une bonne hygiène dans l’élevage, le déparasitage régulier des animaux avec proposition d’un programme de déparasitage.
Ce dernier module a été suivi de la séance de questions-réponses entre les éleveurs et les formateurs. Les participantes ont également fait part de leurs difficultés dans l’élevage de porcs et les approches de solution ont été proposées. Notons qu’au cours de la formation, nous avons reçu la visite du Chef d’Arrondissement de Tokpa-Domè qui a montré aux éleveurs le bien-fondé de cette formation tout en remerciant l’ONG CerAgri de l’avoir initiée.
L’initiative de l’ONG a été bien accueillie et appréciée par les éleveurs présents. L’ONG a recommandé aux éleveurs ayant bénéficié de cette formation de se mettre en coopérative afin de bénéficier des appuis ultérieurs de l’ONG ou d’autres structures appuyant les acteurs de la filière élevage. Un forum WhatsApp dénommé « Eleveurs de porcs de Kpomassè » a été créé à cet effet pour servir de creuset d’échange entre les éleveurs pour l’atteinte de cet objectif. Tout en les rassurants que l’ONG sera toujours à leur côté dans leur désir d’amélioration de leurs pratiques d’élevage, le Président de CerAgriE a invité les participants à ne pas hésiter de solliciter l’ONG chaque fois qu’ils ressentent un besoin de formation en production animale.
Lire aussi la séance de renforcement de capicités des éleveurs de porcs d'Ifangni.